Épiphanie du Seigneur
Abbé Jean Compazieu | 24 décembre 2021
« Debout, resplendis ! Elle est venue ta lumière ! »
Homélie
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On dit souvent que le plus important à Noël c’est de pouvoir se retrouver en famille. Oui, bien sûr, et nous voyons bien que c’est dramatique pour les familles divisées qui ne peuvent pas se réunir. Mais le plus important est ailleurs ; pour le comprendre, il nous faut revenir à l’Évangile de la nuit de Noël : « Ne craignez pas, car voici que je vous annonce une bonne nouvelle, qui sera une grande joie pour tout le peuple ». Noël n’est pas seulement la fête des familles mais celle de tout le peuple. Le plus important, durant cette période, c’est d’aller à la crèche.
À travers ces bergers, c’est la bonne nouvelle qui est annoncée aux pauvres, aux petits, aux exclus. Aujourd’hui, la fête de l’Épiphanie nous invite à ouvrir nos horizons : ce n’est pas seulement au peuple Juif que le mystère de Dieu est offert ; il n’est pas seulement pour ceux qui se reconnaissent chrétiens : il est pour toute l’humanité. C’est ce que nous font comprendre ces mages qui ont quitté leur pays pour aller à la rencontre du Roi des juifs.
Ces mages venus d’Orient sont les premiers d’une grande procession. C’est ce que nous fait comprendre le prophète Isaïe dans la première lecture : il nous annonce la gloire du Seigneur qui s’est levée vers Jérusalem ; toutes les nations convergent vers cette ville. Mais sa splendeur ne vient pas de son prestige ; sa vraie richesse est dans la présence de Dieu. Cette fête de l’Épiphanie nous rappelle que le Christ est la vraie Lumière qui éclaire notre monde. C’est cette lumière que nous sommes invités à accueillir pour la rayonner autour de nous.
Dans sa lettre aux Éphésiens, l’apôtre Paul nous dit que le Christ est venu pour nous et pour le monde entier. Tous ont la possibilité d’avoir part au salut : “Toutes les nations sont associées… au partage de la même promesse dans le Christ Jésus.” Désormais tous les hommes sont appelés à entrer dans cette grande famille qui s’appelle l’Église. Tout homme est devenu membre du Christ. C’est lui que nous mettons au centre de notre vie. Par la croix du Christ, tous, juifs et païens ont été réconciliés “en un seul corps. La fête de l’Épiphanie nous rappelle que nous sommes tous appelés à faire partie de cette grande procession qui s’est mise en route vers le Christ Sauveur.
Les mages nous indiquent la route sur laquelle nous sommes invités à marcher. L’Évangile nous dit qu’ils cherchaient la véritable Lumière. Après avoir vu le signe de l’étoile, ils l’ont interprété ; ils se sont mis en marche. Ils ont fait un long voyage vers Celui qui est la Lumière du monde. À travers eux, c’est tous les peuples étrangers qui sont appelés à la rencontre du Seigneur ; devant lui, il n’existe plus aucune division de race, de langue ni de culture. Tous sont appelés à faire partie de son peuple.
Les mages étaient des païens qui ne connaissaient pas la Bible. Mais ils se sont mis en route et ils sont arrivés jusqu’à la crèche. Ils y ont trouvé l’enfant avec Marie sa mère. Ils se sont prosternés et lui ont offert leurs cadeaux ; Ils ont choisi ce qu’il y a de mieux : l’or nous dit qu’il est roi ; l’encens nous dit qu’il est Dieu. La myrrhe, qui sert à embaumer les morts, nous dit qu’il est homme, destiné à mourir. Tout cela est révélé à des païens totalement étrangers à la religion juive. Et nous, qu’avons-nous à offrir au Roi du monde. Il n’a pas besoin de pierres précieuses. Le trésor auquel il tient le plus, c’est une vie remplie d’amour. C’est cela que nous pouvons lui offrir.
En ce jour de l’Épiphanie du Seigneur, il n’est plus possible de rester bien entre nous. Le Christ est venu pour tous les hommes du monde entier. Nous les portons tous dans notre prière. Notre priorité doit être comme celle du Christ pour tous ceux et celles qui ne connaissent pas Dieu. En ce dimanche, notre solidarité et notre prière sont tout spécialement pour les communautés chrétiennes d’Afrique. Et bien sûr, nous n’oublions pas nos pays d’ancienne chrétienté qui ont un besoin urgent d’une nouvelle annonce de l’Évangile. Le Christ doit être présenté à tous avec la même chaleur et la même joie que Marie aux mages.
« Où est le Roi des Juifs qui vient de naître ? » Il est dans le Pain Partagé, dans l’Eucharistie que nous allons célébrer ensemble. « Allez vous renseigner avec précision sur l’enfant… » Paradoxalement, Hérode nous donne un bon conseil : Se renseigner sur le Christ, être des chercheurs de Dieu pour mieux le connaître et en témoigner autour de nous. Les incroyants attendent de nous une foi plus éclairée. Après nous être nourris de la Parole et du Corps du Christ, nous sommes invités à repartir « par un autre chemin » pour rendre compte de l’espérance qui nous anime. Que cette Épiphanie soit la fête de tous ceux qui cherchent Dieu.
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Épiphanie, ce mot signifie ‘manifestation’. Dieu se manifeste à toutes les nations comme le dit saint Paul aux éphésiens : « Toutes les nations sont associées au même héritage, au même corps, au partage de la même promesse, dans le Christ Jésus, par l’annonce de l’Évangile. » (Éphésiens 3:6) Dans l’Évangile, saint Matthieu nous relate l’épisode des mages venus d’Orient pour rendre hommage au roi des Juifs. « Jésus était né à Bethléem en Judée, au temps du roi Hérode le Grand. Or, voici que des mages venus d’Orient arrivèrent à Jérusalem et demandèrent : ‘Où est le roi des Juifs qui vient de naître ? Nous avons vu son étoile à l’orient et nous sommes venus nous prosterner devant lui.’ » (Mt 2:1-2)
L’Épiphanie, c’est l’histoire d’une belle rencontre entre Dieu et l’humanité ! L’Évangile met en évidence une double démarche : Dieu se manifeste et l’homme va à la recherche de sa Lumière. Le trajet des Mages vers Bethléem répond à l’élan de Dieu vers l’humanité. En quête d’une Révélation qui se manifeste, ils s’engagent dans une aventure dont ils ignorent complètement l’issue. Un long voyage rempli de risques et d’imprévus vers l’inconnu. Et une surprise de taille les attend à Bethléem… Qu’ont-ils vu ? À la place d’un roi dans toute sa magnificence, ils découvrent un pauvre enfant avec ses parents dans une étable. Dieu se révèle à l’humanité en toute simplicité !… Les Mages ont su transcender cette scène si humble et presque insignifiante en reconnaissant en cet Enfant la présence d’un souverain. Ils ont été capables de ‘voir’ au-delà de l’apparence. Un regard intérieur qui ne se laisse pas éblouir par les feux artificiels. « Et, tombant à ses pieds, ils se prosternèrent devant lui. Ils ouvrirent leurs coffrets, et lui offrirent leurs présents » (Mt 2:11) L’ouverture des coffrets apportés en dons fut un signe de l’offrande de leurs cœurs ! L’aboutissement d’un long voyage en quête de Lumière, de vrai Sagesse.
La fête de l’Épiphanie nous invite à faire nous-mêmes une démarche active vers Dieu, à entamer un parcours de foi pour redynamiser notre vie intérieure. Ne restons pas camper sur place. Ne laissons pas notre foi s’enliser dans la routine mais engageons-nous franchement à la recherche de nouvelles ressources pour nous rapprocher encore plus de Dieu. Comme les Mages, nous aussi, nous devons nous mettre en route à la poursuite d’un idéal qui donne sens à notre vie. Une démarche de foi sans œillères pour découvrir la Lumière hors de nos contextes habituels. Une ouverture d’esprit vers de nouvelles perspectives. Soyons comme ce jeune homme en quête d’une voie qui le sort de l’ordinaire : « Bon maître, que dois-je faire pour avoir en héritage la vie éternelle ? » (Mc 10:17) Combien d’entre nous, à un moment de notre existence, se rendent compte tout à coup d’une profonde aspiration vers un idéal. Nous avons peut-être réussi en affaires ou dans notre vie professionnelle, mais quelque chose semble nous manquer. N’ayons pas peur de nous lancer… Le Seigneur nous invite alors à suivre sa Lumière et à ouvrir nos yeux sur une tout autre réalité.
La route vers Dieu est un chemin de découverte. C’est un parcours et en même temps une quête permanente. À l’opposé de ceux qui prétendent posséder le savoir et ne tiennent pas à bouger, allons de l’avant, engageons-nous à la recherche de la Lumière. Comme pour les Mages, l’Étoile qui nous guide brille parfois de tout son éclat au-dessus de nous. Bien claire, bien visible. La route nous semble bien évidente et facile à suivre. Mais, à certains moments, elle disparaît complètement de notre horizon et nous ne savons plus quoi faire, où aller… Soyons patients, gardons toujours notre cap sur l’Essentiel. Continuons à avancer, à scruter notre Étoile même entre deux nuages qui passent. Mettons-nous en marche, même au risque de nous remettre en question et de repartir ‘par un autre chemin’ comme ces mages. Le Seigneur peut nous demander d’emprunter des chemins nouveaux, du moins de couper des courbes. Il peut nous demander de sortir de notre zone de confort, d’opérer des changements sérieux et de faire du neuf dans notre vie. Des fois, même masquée, son Étoile est toujours là pour nous guider vers Lui. Laissons Dieu se révéler à nous au fur et à mesure de l’avancée de notre démarche spirituelle. Progressivement, notre chemin s’éclaircira. « Quand ils virent l’étoile, ils éprouvèrent une très grande joie. » (Mt 2:10) Ce sera une découverte surprise, notre vrai Bonheur ! « Notre regard ne s’attache pas à ce qui se voit, mais à ce qui ne se voit pas ; ce qui se voit est provisoire, mais ce qui ne se voit pas est éternel. » (2 Cor 4:18) remarque saint Paul.
Sur notre chemin vers Dieu, soyons nous aussi une lumière, même comme celle de la petite luciole, pour ceux qui sont à la recherche d’une Étoile. Saurions-nous les aider, leur montrer la bonne route ? Le Seigneur nous demande d’être le reflet de son propre éclat : « Vous êtes la lumière du monde […] Que votre lumière brille devant les hommes afin qu’ils voient vos bonnes œuvres et glorifient votre Père. » (Mt 5:14-16)
Nguyễn Thế Cường Jacques